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ReVeTN #6 – Visite du #39bis, l’Open Inovation lab de Sanofi pour la e-santé

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Mercredi 2 octobre

 ReVeTN #6 – Visite du #39bis, l’Open Inovation lab de Sanofi pour la e-santé

Ce dispositif d’innovation collaborative sur le modèle de l’intrapreneuriat, est un incubateur de projets innovants conçu par les collaborateurs pour les collaborateurs. Il propose aux employés de Sanofi un environnement d’intelligence collective, des conférences, des ateliers, un studio, des équipements de réalités virtuelle et augmentée, une agence de design thinking, etc. Aurélien Chedevergne, #39bis Open Innovation Lab Manager, a été notre guide. Il a décrypté pour nous la raison d’être et le fonctionnement du lab. L’occasion pour nous de toucher du doigt certains des projets.

ReVeTN #5 – Rencontre avec Bruno Mettling : « l’Afrique digitale ou comment le numérique porte de nouveaux modèles de développement »

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Mercredi 4 septembre

 ReVeTN #5 – Rencontre avec Bruno Mettling : « l’Afrique digitale ou comment le numérique porte de nouveaux modèles de développement »

Le 4 septembre 2019, nous avons reçu pour notre 5ème Rendez-Vous en Terre Numérique (ReVeTN), Bruno Mettling, président d’Orange Moyen-Orient et Afrique, auteur du livre « Booming Africa, le temps de l’Afrique Digitale » paru en janvier 20pement ces dernières années grâce au digital. Il s’est en particulier bancarisé en ligne et sur mobile. Pour Bruno Mettling, un autre modèle de développement est donc possible pour l’Afrique, basé  sur le numérique.

De 2011 à 2016, Bruno Mettling a occupé le poste de DG adjoint en charge des ressources humaines auprès du PDG, Stéphane Richard, après la terrible crise sociale traversée par France Télécom entre 2008 et 2010. Fort de la démarche de refondation mise en œuvre qui a abouti à une pacification de l’entreprise, il a dirigé en 2015 le rapport  « Transformation numérique et vie au travail » à la demande du gouvernement Valls.

Enfin, depuis novembre 2018, notre invité préside Topics, le cabinet de conseil en stratégie de transformation sociale et digitale qu’il a co-fondé.

Retrouvez en vidéo l’intégralité de l’entretien qui, comme à chaque fois, a débuté notre Rendez-Vous en Terre Numérique.

Pour aller plus loin

Retrouvez son fil Twitter 
Et pour prolonger notre rendez-vous, consultez son ouvrage Booming Africa

ReVeTN #4 – Rencontre avec Benoît Thieulin : L’empowerment de tous par le numérique

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Mercredi 5 juin

 ReVeTN #5 – Rencontre avec Benoît Thieulin : l’empowerment de tous par le numérique

Le 5 juin 2019, nous avons reçu Benoît Thieulin pour parler de ce pouvoir d’agir que le numérique donne à tous et à chacun. Fondateur de l’agence numérique La Netscouade, président du Conseil National du Numérique (CNNum) de 2013 à 2016, doyen de l’Ecole de management et d’innovation de Sciences Po jusqu’en 2018 et aujourd’hui membre du Conseil économique et social, notre invité porte depuis longtemps ce thème de l’empowerment.

Pour lui, l’Histoire d’Internet puis du Web, l’arrivée des smartphones puis des plateformes porte un projet politique. L’architecture du réseau a été pensée pour être égalitaire. Elle a porté une vague d’horizontalisation, qui a puisé entre autres dans les révoltes des années 60. Ce projet s’est traduit, avec le Web, par la capacité de partager de l’information en pair à pair. Tout le monde peut à la fois partager et accéder à toute information.

Aujourd’hui, tout un chacun peut se passer des intermédiaires. Des plateformes horizontales mettent en relation tout le monde avec tout le monde, créant ainsi des micro-marchés qu’il était très difficile de développer dans le monde pré-Web. « Un boucher de quartier a à sa disposition un SI que seules les plus grandes entreprises pouvaient s’offrir dans les années 90. »

Le côté obscur et le ressac

Reste que si tout le monde peut profiter de cette architecture ouverte, c’est également vrai pour « les complotistes, les haineux, les paranoiaqsues, les terroristes… » Après Obama, le Tea Party américain a lui aussi tiré parti des réseaux. Pire, Daesch est bel et bien un enfant de cet internet-là.

La dernière vague de démocratisation sur Internet passe par les plateformes et est tout aussi ambiguë. Elle crée des emplois (avec Uber, par exemple) mais fait peser une charge importante sur des employés qui n’en sont pas. Elle bouleverse des territoires (avec Waze) en fluidifiant le trafic mais en faisant fi des PLU. Elle donne à chacun les moyens d’être son propre média et de diffuser, par exemple, des informations fausses sur la santé. Cette phase de ressac que nous vivons aujourd’hui est d’autant plus vertigineuse que personne n’a été éduqué pour la vivre.

Pour Benoît Thieulin, il est désormais essentiel de se demander comment mettre de l’ordre dans tout cela. Pourtant, personne n’invente les règles indispensables pour ce faire.

Retrouvez en vidéo l’intégralité de l’entretien qui, comme à chaque fois, a débuté notre Rendez-Vous en Terre Numérique.

Pour aller plus loin

Les rapports dirigés par Benoît Thieulin
L’avis du CESE “Pour une politique de souveraineté européenne du numérique
Le rapport du CNNum « Ambition numérique : pour une politique française et européenne de la transition numérique »
Le rapport du CNNum « Nouvelles trajectoires pour le travail et l’emploi à l’heure numérique »
Le fil Twitter

 

Les références citées par Benoît Thieulin
Saul Alinsky, précurseur de l’idée d’empowerment des populations
Armatya Sen concepteur d’une théorie du choix social sur laquelle Saul Alinsky s’est appuyé
Lawrence (Larry) Lessig, professeur de droit à Harvard, fondateur de l’organisation Creative Commons, figure contemporaine de la défense d’un Internet libre et neutre.
Retrouvez son compte Twitter. Auteur de l’article fondateur Code is law.

ReVeTN #3 – Rencontre avec Christophe Benavent : le rôle central des commentaires dans notre société et notre économie

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Mercredi 3 avril

 ReVeTN #3 – Rencontre avec Christophe Benavent : le rôle central des commentaires dans notre société et notre économie

Le 3 avril 2019, nous avons reçu pour notre 3ème Rendez-Vous en Terre Numérique (ReVeTN), Christophe Benavent, professeur en sciences de gestion, à l’Université Nanterre Paris Ouest et spécialiste du modèle des plateformes. Il nous a expliqué le rôle central pris par la notation et surtout par les commentaires dans l’économie, mais aussi dans la société et la politique.

Il a partagé son expertise et ses nombreuses expériences pratiques avec des exemples concrets puisés chez TripAdvisor, Booking, Uber, AirBnB, mais aussi dans le Grand Débat qui s’est déroulé en France en début d’année 2019.

L’exploitation des commentaires est-elle en passe de tuer les enquêtes marketing ? Le consommateur prend-il enfin le pouvoir au point de déborder les grandes plateformes pourtant à l’origine de ces dispositifs de notation et de commentaires ? Comment la politique locale, territoriale, nationale, internationale va-t-elle changer sous leur influence ?

Retrouvez en vidéo l’intégralité de l’entretien qui, comme à chaque fois, a débuté notre Rendez-Vous en Terre Numérique.

Pour aller plus loin

Retrouvez son fil Twitter et ses publications sur son site
Son GitHub, pour les plus curieux du travail de Christophe Benavent dans les données commentaires
Et pour prolonger notre rendez-vous, consultez son ouvrage Plateformes 

ReVeTN #2 – Visite chez QuantMetry, pépite de l’IA française, et découverte de son start-up studio

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Mercredi 6 mars

 ReVeTN #2 – Visite chez Quantmetry, pépite de l’IA française et découverte de son start-up studio

Le 6 mars 2019, notre 2e Rendez-vous en Terre Numérique nous a conduit chez Quantmetry, startup française phare de l’intelligence artificielle, en pleine croissance. Nous avons visité les locaux très ouverts et adaptés à une génération de datascientists férus de partage et de convivialité, mais aussi d’espaces adaptés à la concentration sur des projets techniques et complexes.

Jérémy Harroch, CEO et fondateur, partage avec nous les valeurs de QuantMetry

C’est Jérémy Harroch, son CEO et fondateur qui nous a accueilli dans ses bureaux prestigieux du 9e arrondissement. Il a partagé avec nous son histoire et ses convictions. De sa pratique du scoutisme dans les années 2000, ce polytechnicien a retenu les valeurs de la vie en communauté mais aussi de débrouillardise et de partage qu’il applique aujourd’hui à sa société. Quantmetry porte ainsi quatre grandes valeurs choisies et respectées par tous. Elles s’affichent dans les couloirs des deux étages que l’entreprise occupe :

Esprit d’équipe, Excellence, Caractère exceptionnel et Accomplissement. Une devise à quatre composantes qui se traduit par des dispositifs de cohésion, mais aussi un droit à l’initiative couplé avec un droit à l’échec et 20% du temps de chacun consacré à la R&D. « Les talents sont le nerf de la guerre dans nos métiers », nous a rappelé Jérémy Harroch. Avec un cœur métier en IA et datascience, la concurrence est rude et il est essentiel de s’adapter pour les attirer et les retenir. Résultat de la démarche de QuantMetry ? Un turn over de 9% bien en deçà des moyennes du numérique. QuantMetry articule son activité autour de ses talents, mais à part égale, autour de ses clients, de la data et de sa R&D.

Rencontre avec Guillaume Hochard, chercheur en traitement du signal tombé dans la datascience avec QuantMetry

Nous avons justement rencontré ensuite Guillaume Hochard, dans un des espaces cafétérias, ouvert et coloré. À la fois datascientist et spécialiste du traitement du signal, moins de deux ans après son arrivée, il est chargé de la plus grande entité de la R&D, sur le thème très pointu des séries temporelles. Reflet de la politique de recrutement de l’entreprise, son parcours jusqu’à la QuantMetry relève de l’aventure. Encore aujourd’hui. Passionné d’analyse d’imagerie satellitaire, il raconte avec enthousiasme les cartes de déformation des sols sur lesquelles il a travaillé pour la construction de la ligne 14 de métro à Paris ou celles qui ont servi de preuve de la non-implication d’un de ses clients dans une catastrophe, lorsqu’il a dû témoigner comme expert à Washington. Mais pour donner plus de

poids à son CV, Guillaume Hochard a rapidement décidé de passer une certification en datascience à Polytechnique. Et c’est avec cette double compétence qu’il arrive en 2017 chez QuantMetry comme consultant datascientist senior. À la faveur de la politique de la maison, il retrouve ces premières amours en prenant la tête du Pôle d’expertise R&D en séries temporelles. La startup dispose de 13 pôles de R&D sur des sujets comme le langage naturel, la dataviz, l’intelligence des modèles ou encore une code factory et son équipe « Time series » est la plus importante avec 12 personnes. « Le marché évolue, les clients sont de plus en plus formés et nous challengent, raconte Guillaume Hochard. Tous nos pôles pratiquent une indispensable R&D partagée , avec des organisations comme Télécoms Paristech, par exemple. Ils réalisent une veille sur leurs sujets qu’ils partagent aussi, etc. »

Au cœur de la fabrique de startups de QuantMetry, avec Alexandre Stora

Enfin, c’est Alexandre Stora qui nous a guidé dans les locaux et a décrypté pour nous le modèle d’Anova, le corporate startup studio de QuantMetry qu’il dirige. Ce dispositif propose aux grandes entreprises de donner vie à leurs idées de startups dans les domaines de l’IA et de la data science, en s’occupant de tout de A à Z.

Le startup studio analyse et fait évoluer l’idée de départ. Il bâtit le financement (et va jusqu’à le fournir). Il forme l’équipe et s’intéresse d’abord à la technologie sans s’intéresser immédiatement au chiffre d’affaires. « Nous réalisons une sorte de due diligence technologique, explique Alexandre Stora. Il faut entre un et deux ans pour créer la startup en comptant l’étude du dossier, la construction du projet, le financement, la réalisation d’un MVP (minimal viable product) puis le passage à l’échelle (environ un an). » Anova va jusqu’à former des CEO prêts à diriger les startups qui sortent du dispositif !

« Notre force, ce qui nous différencie, ce sont nos experts, » estime Alexandre Stora. Pour le dirigeant d’Anova, la mécanique du startup studio de QuantMetry, ce sont d’abord des gens passionnés, motivés par la perspective d’être dans l’équipe dirigeante de la future startup. C’est aussi une clientèle uniquement de grandes entreprises, seules capables de fournir le volumes de données suffisant pour alimenter leurs IA. Enfin, c’est justement une expertise dans les deep tech qui ne peut que s’abreuver à ces volumes de données. Depuis son lancement il y a 3 ans, Anova a déjà lancé deux startups et finalise la troisième, mais il espère arriver à un rythme de 10 tous les 3 ans.

ReVeTN #1 – Rencontre avec Henri Isaac : les enjeux de la mise en données du monde

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Mercredi 6 février

 ReVeTN #1 – Rencontre avec Henri Isaac : les enjeux de la mise en données du monde

Le 6 février 2019, nous avons accueilli le premier invité de nos Rendez-Vous en Terre Numérique, Henri Isaac, professeur en sciences de gestion, enseignant-chercheur en transformation digitale, à l’Université Paris Dauphine. L’occasion de prendre avec lui le recul indispensable sur les grands enjeux associés à « la mise en données du monde ». Ce phénomène n’a pas attendu Internet , mais aujourd’hui, on assiste à sa généralisation. Depuis la révolution numérique – qu’Henri Isaac fait démarrer à la sortie de l’iPhone en 2007 –, tous nos déplacements, comportements, actions sont traduits en milliards de Tera-octets de données. Conséquence ? Nous usons et abusons de ce terme, sans pour autant comprendre cet objet bien plus complexe et multiforme qu’il n’y paraît.

Henri Isaac nous a expliqué pourquoi il est crucial pour tous, entrepreneurs, DSI, simples citoyens, élus… de saisir parfaitement ce qu’est la donnée, ce qui fait sa valeur et quels sont ses enjeux, bien au-delà des questions purement techniques. Il a aussi partagé avec nous des clés de compréhension du sujet pour nous en emparer en toute connaissance de cause.

Non, la donnée n’est pas le pétrole !

En commençant par détruire quelques idées fausses. Pour expliquer la différence entre donnée, information et connaissance, on évoque souvent l’idée d’une donnée brute. Pourtant Henri Isaac, lui, tranche : « La donnée n’est jamais brute. Elle dépend du dispositif construit par l’homme pour la récolter. C’est un résultat, un « construit » avec une intention de départ. » Vous avez aussi entendu dire que la donnée était le nouveau pétrole ? Pourtant, rien à voir ! L’économie de l’or noir est une économie de la rareté. Celle de la donnée est une économie de l’abondance. Qui plus est, contrairement au pétrole, elle est aussi un bien « non rival » : lorsqu’on la consomme, elle ne disparaît pas !

Au-delà des données personnelles

Mais alors, qu’est-ce qu’une donnée ? Pour commencer, pour notre invité, cela ne se réduit pas, comme on le croit souvent, aux données personnelles. On peut évoquer l’open data et les données que les structures publiques doivent rendre accessibles à tous. Les données contributives, avec lesquelles nous alimentons tous des bases destinées au collectif : Open Street Maps, Open Food Facts… La loi sur l’orientation des mobilités définit même désormais des données d’intérêt général. Mais toutes n’ont pas de statut juridique. C’est le cas de celles issues du machine-to-machine. Quand un agriculteur achète un tracteur, celui-ci renvoie des flux de données chez le constructeur pour la maintenance prédictive, entre autres. C’est vrai aussi pour toute l’industrie de la machine-outil. Il en va de même de tous les objets connectés, depuis la balance jusqu’à l’automobile. Quand aux données personnelles, elles ont une définition très précise qui suivant les régions du monde. Avec des conséquences économiques, politiques, sociétales importantes. Comme l’a expliqué Henri Isaac, « l’Union Européenne a fait le choix humaniste de les considérer comme des extensions de la personne. Nous n’en sommes pas propriétaires. Nous ne pouvons pas les vendre. On ne peut pas nous les acheter. » Mais les États-Unis, eux, ont fait le choix totalement inverse et ont même des brokers depuis les années 70. Pour notre invité, « le discours ambiant « propriété versus usage » véhiculé en matière de donnée personnelle nous ramène toujours à cette même question centrale : qu’est-ce que la donnée ? »

Le côté obscur de l’économie de la donnée

Les géants du numérique, eux, l’ont bien compris. Ils sont nés de leur capacité à s’emparer et à valoriser cette manne. Apple, Google, Facebook, Uber, AirBnB… La liste est longue. Comme nous l’a rappelé Henri Isaac, ces entreprises promettent aux utilisateurs de leurs services de trouver un logement pour les vacances ou un véhicule pour rentrer chez nous. Mais leur business model repose sur la collecte de nos données associée à la publicité. Un modèle biface que l’on connait déjà ? Pas tant que ça. Les conséquences du déploiement de cette économie nouvelle sur nos sociétés est plus lourde qu’on ne le pense. Le modèle du géoguidage de Waze, par exemple, crée des externalités négatives qui vont jusqu’à éroder la valeur de certains biens immobiliers ! L’app de Google promet en effet à l’utilisateur de raccourcir nos temps de trajet. Et en échange, elle récolte des données et se paye avec de la publicité. Mais… elle déplace aussi les embouteillages dans des rues, des quartiers, des villages qui n’ont pas été prévus pour une circulation aussi dense. Pour Henri Isaac, un des enjeux forts de la mise en données généralisée de notre monde est justement celle d’une gouvernance globale. Dans la mesure où les individus contribuent à produire des data et donc de la valeur, les plateformes, elles, ne doivent-elles pas leur ouvrir cette gouvernance ? Waze a d’ailleurs commencé à chercher des solutions avec les collectivités en créant une communauté pour ce faire.

Quelle valeur pour ces données ?

Puisque l’objet « donnée » reste mal compris, il est d’autant plus difficile d’espérer en estimer la valeur. Pour les entreprises, celle-ci trouve essentiellement sa source dans la gestion des métadonnées. C’est ce qu’exploitent la plupart des grands services numériques, encore une fois… Sans elles, Spotify ou le mail n’existeraient pas. Pour autant, des données comme les journaux de navigation sur un serveur web, par exemple, n’ont aucune valeur aux yeux d’un individu. Alors qu’elles ont une énorme valeur pour certains acteurs économiques. De la même façon, un fabricant de tracteurs exploite les données de l’utilisation de sa machine par l’agriculteur qui l’a achetée. Pourtant, ce dernier n’y a pas accès, voire ne sait même pas qu’elles existent. « Il faut que le contrat soit transparent, insiste Henri IsaacJe devrais avoir une connaissance complète de toute donnée dont je concède un usage. Je devrais en comprendre les finalités de traitement et pouvoir la récupérer pour la transférer ailleurs. Et c’est la loi qui devrait organiser cela. »

Un enjeu économique et géostratégique

Globalement, la grande majorité des données est captée par des acteurs américains. Et pour comprendre pourquoi, nul besoin d’invoquer le mythe de la Silicon Valley, selon Henri Isaac. Notre intervenant nous a rappelé un peu d’Histoire pour éclairer l’importance de l’économie de la donnée et sa domination par les États-Unis. Ces derniers ont une politique volontariste autour de la data depuis les années 70. Ils en ont compris la valeur après le scandale du Watergate. Au travers de deux de ces agences, la NSF et la DARPA, le pays a lancé en 1989 un programme de recherche pour étudier les moyens de récolter massivement de l’information. Une partie des subventions est allée à un programme de l’Université de Stanford dont sont sortis… Larry Page et Sergei Brin, les deux fondateurs de Google. C’était la fin de la guerre froide et le pays devait trouver comment occuper les milliers d’employés désœuvrés de la CIA C’est aussi l’époque où Al Gore a fait le tour du monde pour vendre l’idée des autoroutes de l’information. Autre exemple de cette politique volontariste des États-Unis : il y a 25 ans, le gouvernement américain a supprimé la TVA sur les ventes en ligne. Résultat ? Amazon. « Le repositionnement de leur pays après la fin de la guerre froide est passé par Internet, l’information et les nouveaux moyens de faire du business », résume Henri Isaac. Dix ans plus tard, la Chine avait compris et lancé à son tour l’offensive. Résultat ? Tencent, Huawei, Baidu, Alibaba, Xiaomi…. Et avec ses 1,4 milliard d’habitants et une interdiction d’accès de « son » Internet aux acteurs américains, elle récolte nativement une quantité astronomique de données.

L’absence de stratégie de l’Union Européenne

Pour Henri Isaac, c’est ce type de stratégie industrielle qui a manqué et manque encore à L’Union Européenne. « L’Europe n’a rien fait. La plupart de ses données partent aux États-Unis. Et aujourd’hui, la vraie question, c’est que faire à la vitesse à laquelle le monde se transforme et à laquelle se poursuit l’accumulation de données ? Karl Marx parlait d’accumulation primitive du capital. Il y a aujourd’hui dans certaines sociétés, une accumulation primitive massive de données et ce sont des actifs qui ne sont plus sous contrôle européen. » Il est tout aussi important, selon notre intervenant, de faire comprendre la dimension humaniste que l’Europe a voulue pour la donnée personnelle, que d’en expliquer les limites face au modèle américain et à la stratégie chinoise. La compréhension de la donnée sous tous ses aspects est un enjeu économique, politique, sociétal qui doit passer par une instruction civique 2.0. « Il faut inventer une citoyenneté numérique, estime Henri Isaac. Pour partager des connaissances et des compétences de façon intelligente, sans faire de la donnée un objet technique. Et expliquer clairement que cela a des conséquences sur la société que l’on veut construire. »

Retrouvez en vidéo l’intégralité de l’entretien qui, comme à chaque fois, a débuté notre Rendez-Vous en Terre Numérique.

Pour aller plus loin

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Et pour prolonger notre rendez-vous, son texte publié dans la revue
Pouvoirs : « La donnée numérique, bien public ou instrument de profit »